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La France, bouc émissaire ou partenaire des pays africains ?
La France est de plus en plus détestée en Afrique, notamment dans les pays qui ont connu des coups d’État militaires ces dernières années. Le Niger est le dernier exemple en date, où les putschistes ont demandé à la force française présente sur le sol nigérien de quitter le pays dans un délai d’un mois. Cette décision est soutenue par des Africains qui voient dans la France une puissance néocoloniale qui profite des accords économiques et monétaires qu’elle a signés avec ses anciennes colonies.
Mais cette hostilité à l’égard de la France est-elle justifiée ? Est-ce la France qui doit être détestée ou plutôt les accords qu’elle a conclus avec les pays africains ? Comment expliquer que des Africains qui dénoncent l’ingérence française soient nombreux à faire des demandes de visa pour étudier, travailler ou faire des affaires en France ? Pourquoi ceux qui brûlent le drapeau français exhibent-ils celui de la Russie, qui n’a pas forcément des intentions plus louables en Afrique ?
France-Afrique : entre amour et haine, comment dépasser les préjugés ?
Il faut d’abord rappeler que les relations entre la France et l’Afrique sont complexes et ambivalentes. D’un côté, il y a une histoire commune, marquée par la colonisation, la décolonisation, les indépendances et les coopérations. De l’autre, il y a des intérêts divergents, voire contradictoires, sur les plans politique, économique, sécuritaire et culturel. La France a souvent été accusée de soutenir des régimes autoritaires ou corrompus, de piller les ressources naturelles ou de manipuler les monnaies africaines. Les pays africains ont souvent revendiqué leur souveraineté et leur autonomie, tout en sollicitant l’aide et l’appui de la France.
Mais il faut aussi reconnaître que les relations entre la France et l’Afrique ne se réduisent pas à ces aspects négatifs. Il y a aussi des liens humains, culturels, linguistiques, scientifiques, éducatifs, artistiques, sportifs, qui témoignent d’une diversité et d’une richesse des échanges. La France a aussi contribué au développement et à la stabilité de certains pays africains, en apportant son soutien financier, technique ou militaire. Les pays africains ont aussi apporté leur contribution à la France, en lui fournissant des matières premières, des marchés, des partenaires ou des talents.
Il est donc difficile de dresser un bilan tranché des relations entre la France et l’Afrique. Il faut plutôt adopter une approche nuancée et contextualisée, qui tienne compte des spécificités de chaque pays et de chaque situation. Il faut également éviter les amalgames et les généralisations, qui conduisent à stigmatiser ou à idéaliser un acteur ou un autre. Il faut enfin distinguer entre les responsabilités des États et celles des individus, qui ne partagent pas forcément les mêmes opinions ou les mêmes intérêts.