Politique
Élections européennes : quel Parlement en 2019 ?
Ce dimanche 26 mai, les citoyens européens étaient appelés à voter pour élire leurs représentants au Parlement européen. Que retenir des résultats de ce scrutin ? Entre montée des partis populistes et écologistes, et participation record, retour sur les élections européennes de 2019.
A quoi ressemble le nouveau Parlement européen ?
Les résultats des élections européennes sont tombés ce lundi 27 mai. Les différents partis composant le Parlement européen resteront proportionnellement les mêmes : le Parti Populaire Européen et les Sociaux Démocrates seront majoritaires dans l’hémicycle jusqu’en 2024.
Les principales coalitions perdent néanmoins près de 80 sièges, et le Parlement apparaît plus fragmenté à la suite de ce scrutin. Notamment, les partis d’extrême droite ont gagné du terrain, et se retrouvent avec plus de 150 représentants. Les partis libéraux connaissent également une forte progression avec près de 40 sièges gagnés lors des élections, en partie grâce à des mouvements comme La République en Marche, qui récupère 23 sièges à l’issue du scrutin : Emmanuel Macron évoquait d’ailleurs sa volonté de voir se former une coalition entre les libéraux, les écologistes (69 sièges) et les sociaux-démocrates (146 sièges). De quoi assurer une belle majorité à ces partis pour les années à venir.
Mais ce Parlement européen « disséminé » entre plusieurs partis annonce de possibles difficultés pour former les coalitions : en effet, lorsque l’on vote pour des listes aux élections européennes, les députés ne siègent pas par délégation nationale. Ils se regroupent en fonction de leurs convergences politiques, en partis “transnationaux”. Le nombre minimal pour former un groupe est de 25 députés, et un quart minimum des Etats membres doit être représenté dans chaque groupe.
A l’issue de ce scrutin, les partis conservateurs, autrefois majoritaires, devront par exemple s’allier à d’autres partis pour conserver leur majorité. De manière générale, la gain de sièges de plusieurs partis minoritaires va rendre difficile l’obtention d’une réelle majorité au Parlement, ce qui peut ralentir les processus législatifs.
Quel est le rôle d’un député européen ?
Les parlementaires représentent les citoyens européens. Comme dans les parlements nationaux, ils participent au processus législatif. Ils exercent également un contrôle sur les institutions qui représentent le pouvoir exécutif de l’Union Européenne, à savoir le Conseil Européen et la Commission : ils peuvent notamment voter une motion de censure pour dissoudre cette dernière. Les parlementaires ont également un pouvoir budgétaire, puisqu’ils votent et valident le budget. Plus d’informations ici.
Une montée des extrêmes et de l’Euroscepticisme
L’Europe semble avoir du soucis à se faire : les partis eurosceptiques et d’extrême droite ont gagné du terrain lors de ce scrutin.
En France, le parti du Rassemblement National, mené par le jeune Jordan Bardella, arrive en tête, en récoltant 23.31% des suffrages. En Hongrie, le parti du premier ministre Viktor Orban affiche une majorité écrasante, avec 52%
des suffrages exprimés en sa faveur. Ce dernier est réputé pour être un
grand eurosceptique, et pour pratiquer des politiques migratoires
drastiques.
Même constat pour l’Italie : La ligue du Nord récolte 34.3% des suffrages.
Face à cette montée de l’extrême droite, les principaux partis du Parlement Européen, à savoir Le PPE (Parti Populaire Européen) et les Socialistes Démocrates, perdent respectivement 34 et 45 sièges. Les partis pro Union Européenne restent néanmoins majoritaires, et peuvent encore canaliser la montée des extrêmes. Si la présence de partis nationalistes et eurosceptiques n’est pas encore assez grande pour prétendre à la majorité, ce résultat reflète néanmoins la montée du populisme, qui ne cesse de croître dans les pays européens.
La poussée des Verts européens
Point positif de ce scrutin : les partis européens en faveur du climat font de très beaux scores. A l’image de Yannick Jadot, qui récolte 13.5% des suffrages en France, ou encore du parti écologiste allemand, qui récupère 22% des votes (contre 10.7% en 2014).
Cette forte progression est assez inattendue pour la plupart des partis écologistes, qui récupèrent 69 sièges, contre 52 en 2014 : les Verts représenteront 10% du Parlement européen pour les 5 années à venir. Ce résultat n’est pas si surprenant, et reflète bien les différentes revendications exprimées par la société civile ces derniers mois, qui était très mobilisée pour l’environnement. Un sondage IPSOS sur les élections européennes indiquait d’ailleurs que 80% des votants souhaitaient voter pour un parti favorisant la cause écologique.
Dans cette veine, de nombreux partis avaient d’ailleurs fait de l’environnement leur fer de lance pendant la campagne, à l’image du PS ou de La République en Marche en France.
Reste désormais à savoir si les promesses électorales en faveur de l’environnement seront tenues après les élections. Pour avoir un réel poids sur les décisions politiques, les partis écologistes devront s’allier avec d’autres partis plus importants comme l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates, qui comptent 146 sièges en 2019.
Ce gain de représentants reste tout de même une grande victoire pour les partis écologistes dans l’Union. Rappelons-le, le Parlement européen est encore à ce jour à l’origine de la plupart des législations des Etats membres pour la protection de l’environnement.
Un taux de participation “record”
La première grande surprise de ces élections européennes a été la participation. Elle n’avait pas été aussi haute depuis longtemps : 51.3% des citoyens européens se sont rendus aux urnes.
En France, 50.1% des citoyens ont participé aux élections. C’est bien plus qu’en 2014, où à peine 40% de la population avait fait le déplacement. Si ce chiffre peut paraître assez bas, il n’est pas à minimiser : le taux d’abstention a beaucoup reculé pour les élections européennes cette année, à l’image de l’Allemagne ou de la Belgique, qui comptent 59% et 89% de participation. Pour l’hexagone, c’est le meilleur score depuis 1994. Ce taux de participation rejoint d’ailleurs ceux connus lors des premières élections européennes de 1979 et 1984, où la participation était respectivement de 60.7% et 56.7%.
En effet, de nombreux pays sont encore très peu sensibilisés au vote pour les européennes, à l’image de la Croatie, qui compte un taux de participation de 29%, ou encore le Portugal : seul 31% des portugais ont participé au scrutin.
En France, cette participation “record” peut s’expliquer du fait d’un renouveau dans le paysage politique, qui encourage les partisans des nouveaux mouvements à aller voter. A l’image du Rassemblement National, qui connait une très forte progression ces derniers temps, ou de La République en Marche, qui a émergé lors des dernières élections présidentielles.
Les questions environnementales y sont aussi pour quelque chose : dans de nombreux pays, les votes en faveur de partis politiques pour l’environnement ont connu une très forte progression. Les citoyens européens semblent de plus en plus concernés par les problématiques gravitant autour de la planète et du climat : de quoi motiver les électeurs à se rendre aux urnes, pour agir en faveur de l’environnement.
Que disent ces élections sur le paysage politique français ?
Loin d’être anodins, les résultats de ce scrutin révèlent un profond chamboulement sur la scène politique française.
Premier constat : les partis traditionnels du PS et des
Républicains sont relayés au second plan. Il y a 5 ans, ces partis
constituaient le paysage politique français, le scindant en deux pôles
bien distinct : la droite, et la gauche.
Aujourd’hui, ils sont marginalisés : une tendance qui n’est pas sans montrer que le paysage politique est en train de changer. Les Français ne se retrouvent plus dans un traditionnel clivage droite/gauche. Désormais, la tendance est plus au libéralisme, notamment incarné par le parti d’Emmanuel Macron, et au nationalisme, représenté par Marine Le Pen et le Rassemblement National. Ce sont ces deux partis qui se sont disputé la première place lors des européennes. « Il n’est pas exclu ce soir que l’écologie soit la première force politique chez les jeunes, c’est un magnifique message d’avenir » – Yannick Jadot, tête de liste EELV
Autre point intéressant à souligner : à l’issue des Européennes, Europe Ecologie Les Verts se positionne comme étant le premier parti de gauche en France. En récoltant 13.5% des suffrages, la liste de Yannick Jadot devance de très loin le Parti Socialiste, qui peine à dépasser 5% des suffrages pour obtenir des sièges au Parlement. Europe Ecologie Les Verts est d’ailleurs le parti majoritaire chez les votants de moins de 35 ans.
Après ces élections, le Rassemblement National confirme sa place comme étant le premier parti d’opposition face au gouvernement. Si son score est légèrement inférieur à celui obtenu par Marine Le Pen en 2014, il est néanmoins plus grand que celui réalisé aux présidentielles, et talonne les 25%.
Les deux partis majoritaires obtiendront chacun 23 sièges au Parlement européen. Quand à Europe Ecologie les Verts, le parti se verra attribuer 13 sièges parmi les 69 récupérés par les partis écologistes dans l’hémicycle.
Sources :https://www.fournisseur-energie.com/