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Niger : les enjeux et les risques du déploiement des troupes de la CEDEAO
Analyse
La décision de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) d’envoyer des troupes au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel après le coup d’État militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023 soulève de nombreuses questions sur les conséquences pour les populations nigériennes.
Quels sont les risques d’une confrontation armée entre les forces de la CEDEAO et les putschistes ? Quel sera le sort des civils pris entre deux feux ? Qui assurera la sécurité du président Bazoum s’il est rétabli dans ses fonctions ? Quelle sera la position des pays voisins du Niger, notamment le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, qui soutiennent le coup d’État ? Comment réagira le peuple nigérien, qui semble majoritairement favorable aux putschistes ?
Ces questions sont difficiles à répondre, car la situation au Niger est complexe et volatile. Le coup d’État a été largement salué par la population, qui souffre de la pauvreté, de l’insécurité et de la mauvaise gouvernance .
La CEDEAO, quant à elle, a condamné le coup d’État et a exigé le retour immédiat du président Bazoum et la libération de tous les détenus politiques . Elle a également imposé des sanctions économiques et diplomatiques aux auteurs du coup d’État et à leurs soutiens . La CEDEAO a affirmé que son objectif était de « rétablir l’ordre constitutionnel » au Niger, mais qu’elle privilégiait toujours le dialogue avec les putschistes. Le président du Nigeria, Bola Tinubu, qui a présidé le sommet extraordinaire des chefs d’État de la CEDEAO à Abuja, au Nigeria, le jeudi 10 août 2023, a déclaré que l’usage de la force n’aurait lieu qu’en dernier recours et qu’il espérait une résolution pacifique de la crise.
Le déploiement des troupes de la CEDEAO au Niger pourrait donc être une mesure dissuasive ou préventive, visant à éviter une escalade de la violence ou une ingérence étrangère. Toutefois, il comporte aussi des risques importants, notamment celui d’une résistance armée des putschistes ou d’une hostilité de la population. Il faudra donc que la CEDEAO fasse preuve de prudence et de respect des droits humains dans son intervention militaire. Il faudra aussi qu’elle assure la protection du président Bazoum s’il est rétabli dans ses fonctions, car il pourrait être exposé à des tentatives d’assassinat ou à des soulèvements populaires. Il faudra enfin qu’elle implique les pays voisins du Niger, notamment le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, qui soutiennent le coup d’État, dans un processus de dialogue régional et de médiation. Ces pays pourraient jouer un rôle clé dans la stabilisation du Niger et dans la prévention d’une contagion du phénomène putschiste dans la région.